Alors que Flappy Bird déchaîne les passions (près de 2 millions de téléchargement/jour) et affole les compteurs (près de 50.000 dollars générés par jour), son créateur Dong Nguyen a décidé de retirer le titre des différentes boutiques Android et iOS. Une sorte de suicide numérique. 

Titre ultra sommaire, voire mal réglé (qui n'a pas pesté devant la sensibilité de la hitbox de ce foutu zozio), ce jeu de réflexes fascine par son aspect punitif. Et si finalement, sa simplicité et sa complexité portaient en lui les raisons de son succès ? Une addiction coupable qui rend le titre résolument hypnotique... (voir notre concours des meilleurs scores).

Le jeu qui sentait la poudre

Mais pour que la sauce prenne, et transcende le tout, il fallait y ajouter la cohorte d'articles de presse mondiale. Et pas que des laudatifs. Vous connaissez l'adage : "Parlez de moi en bien ou en mal, du moment que vous parlez de moi."  ?

Eh bien, il aura une fois de plus prouvé son étonnante efficacité. En effet, Flappy Bird est suspecté de plagiat éhonté. Des tuyaux de Mario, au design et gameplay général "emprunté" ou du moins potentiellement nettement inspiré par Piou Piou Contre les Cactus, jeu français du développeur Kek. Ajoutez à cela des soupçons de magouille d'achats de notes pour le faire grimper dans les charts et gagner en visibilité (remarquez, ils le font tous, à commencer par les plus gros...), n'en jetez plus, le cocktail est devenu suffisamment explosif pour un parfait emballement médiatique.

Hier, alors que Dong Nguyen jetait l'éponge (le jeu restant néanmoins jouable et continuant donc à générer de jolis revenus), Kek, le français, évoquait sa version des faits sur le Huffington Post. Pour mémoire, son jeu baptisé Piou Piou et mettant en scène un oisillon à grosse bouche devant éviter des cactus bien verts était sorti sur Facebook il y a 5 ans, et 2 ans sur smarpthone. 

 

J'envoie un mail au développeur du jeu, Dong Nguyen, un vietnamien de 29 ans apparemment, en lui disant que son jeu ressemblait vraiment au mien. Même principe de jeu, avec des graphismes vraiment très proches : un petit oiseau jaune aux grosses lèvres qui doit éviter des trucs verts dans le ciel. Même si je n'ai pas inventé le principe du jeu (un objet qui doit éviter des obstacles, qui tombe constamment et qui remonte quand on clique), là, le concept ainsi que les graphismes, ça fait beaucoup. Surtout que ses tuyaux verts sont piqués à Nintendo.

Dong Nguyen me répond assez rapidement en disant qu'il "ne pensait pas" avoir vu mon jeu avant de créer le sien. J'ai un peu du mal à y croire, mais bon, je ne peux pas y faire grand-chose. 

Son jeu à lui (NDLR : Flappy Bird) n'est pas pourri, loin de là, il est très léger, fonctionne bien, le gameplay est addictif. Mais il n'est pas extraordinaire non plus, des jeux comme le sien il y en a à la pelle sur mobile. Ça laisse un goût amer, qu'un jeu puisse être autant téléchargé, qu'il amuse autant de monde et qu'on le trouve génial, alors qu'il n'a clairement rien inventé, au contraire il a juste repiqué à droite et à gauche sans trop se fouler. Il y a tellement de jeux super originaux, avec des graphismes vraiment travaillés et un gameplay tout aussi addictif voire davantage. Ça ne donne pas vraiment une belle image du métier de développeur je trouve. Et puis sincèrement, comme me disait un ami, c'est quoi ce monde où on peut se faire 50,000$ par jour avec un jeu aussi débile ?

Je n'envisage pas de porter plainte ou autre, déjà parce que ça me fatigue d'avance vu que ça se passe dans un pays étranger, et surtout parce que dans le jeu vidéo, la notion de propriété intellectuelle est très vague voire inexistante, je perdrais surtout du temps et de l'argent. D'autant que je ne sais pas s'il a réellement piqué sur mon jeu, et je ne le saurai probablement jamais.

En fait je pense qu'en gagnant 50 000$ par jour je deviendrais vite taré, donc tout est bien qui finit bien. Enfin, plus ou moins.

Kek de préciser qu'il continuera à réaliser des jeux qu'il qualifie lui-même de "débiles". Pour preuve, il a sorti fin 2013 l'application "Jeux Chiants".

Lorsque tout se sera calmé, on notera un fait simple : dans cette histoire, tout le monde aura réussi à récupérer son brin de lumière (développeurs, presse, etc). Et les oiseaux dominent les mini-jeux smartphones. D'Angry Birds, à Tiny Wings, en passant donc par Piou Piou et Flappy Bird.

Retrouvez l'intégralité de la tribune de Kek sur le Huffington Post

Pour les plus atteints d'entre vous, voici quelques astuces/solutions pour améliorer votre score.